Astronomie / Espace

Bételgeuse : Les astronomes vont-ils assister à la “M0RT” de l’étoile ?

La supergéante rouge Bételgeuse de la constellation d’Orion s’assombrit depuis quelques semaines. Vit-elle ses derniers instants ?

Bételgeuse, Bételgeuse, Bételgeuse !

Si on prononce son nom trois fois, fera-t-on revenir l’étoile rousse Bételgeuse qui illuminait autrefois la constellation d’Orion ? En plein hiver, à la période de l’année où la grande constellation, reconnaissable parmi des centaines avec sa forme de sablier, parade dans le ciel nocturne.

Au centre, trois étoiles rapprochées forment la «ceinture» du mythique chasseur. Elles sont encadrées par le corps d’Orion, quatre étoiles dont deux sont très resplendissantes. En bas à droite, se trouve Rigel, qui apparaît légèrement bleutée. En haut à gauche, la fameuse flamboyante Bételgeuse, carrément rouge. Enfin, ça c’est de la théorie… Car Bételgeuse fait sa timide depuis octobre. Elle qui joue normalement la star du ciel hivernal est en berne, toute pâlotte.

Constellation d'Orion

Sa « magnitude apparente », c’est-à-dire sa luminosité telle qu’on la perçoit depuis la Terre, est passée de 0,5 (plus c’est bas, plus ça brille) à 1,5 en seulement quelques semaines. Cela reste toujours suffisant pour la voir à l’œil nu, mais elle a tout de même faibli d’un facteur 2,5.

Mais que lui arrive-t-il ?

C’est la question que tous les astronomes se posent en ce moment. Cette baisse de luminosité est-elle le signe que l’étoile est en train de vivre ses derniers instants ? Bételgeuse, située à 425 années-lumière de la Terre, est en réalité une supergéante rouge, autrement dit une étoile vieillissante qui a énormément gonflé après avoir brûlé tout l’hydrogène au cœur de ses réserves.

Son évolution récente est «rapide» (on parle de 10 millions d’années tout de même); elle devrait en effet finir sa vie en expulsant violemment ses couches externes de gaz dans une explosion appelée supernova. Quand ce terrible moment arrivera, le spectacle sera magnifique depuis la Terre : Bételgeuse deviendra si éclatante qu’on la verra même en plein jour, comme si toute la luminosité de la pleine Lune était concentrée en un seul et unique point durant plusieurs semaines.

Variation luminosité

«L’astre gonfle et dégonfle»

Personne n’a la capacité de prédire si on aura la chance d’assister à cet événement exceptionnel de notre vivant : les supernovas sont très rares dans notre galaxie (une tous les cinquante ans environ). Mais les astronomes sont en accord sur un point: l’affaiblissement actuel de Bételgeuse n’est sans doute pas le signe d’une explosion imminente. Tout d’abord, il faut savoir que Bételgeuse est classée comme étoile «variable semi-régulière», ce qui signifie que sa luminosité ne cesse de varier au cours du temps, avec une amplitude plus ou moins grande et selon des cycles plus ou moins longs. Ce n’est donc surement qu’un de ses fréquents « hoquets », un poil plus marqué que d’habitude.

«L’éclat de Bételgeuse varie principalement en suivant une période de 420 jours, mais elle a également deux autres périodicités de 5 à 6 ans et 100 à 180 jours. Ces variations sont complexes car elles dépendent de la pulsation physique de l’étoile – l’astre gonfle et dégonfle – mais aussi de vastes cellules convectives.» exprime le magazine spécialisé Ciel et Espace. Ce n’est pas la première fois que nous observons ces changements de taille chez Bételgeuse : elle a rétréci de 15% entre 1993 et 2009 par exemple. Pour ce qui est de ses variations en surface, on les devine sur les images de l’étoile les plus récentes, où l’on distingue à divers endroits, des régions plus ou moins claires, donc plus ou moins chaudes, liées à des mouvements de convection du gaz.

Infrarouge

Autre signe pouvant vous rassurer

Nous voyons Bételgeuse plus pâle à l’œil nu mais «sa lumière n’a pas diminué dans l’infrarouge » comme nous l’indique Pierre Kervella de l’Observatoire de Paris dans Sciences et Avenir. Cela suggère que l’étoile se porte très bien, mais qu’un obstacle gêne la propagation de sa lumière dans les longueurs d’onde que reçoit l’œil humain (du rouge au violet). «L’étoile a éjecté du gaz qui s’est condensé en poussière, suggère Pierre Kervella. C’est cette poussière qui absorberait la lumière de l’étoile dans les longueurs d’onde du visible.»

Des coquilles de gaz, enveloppant Bételgeuse comme un bouclier, ont déjà été observées auparavant par des télescopes, preuve que l’étoile a déjà «hoqueté» de nombreuses fois dans le passé pour se débarrasser de ses couches de gaz.

Cependant, il faudra continuer à surveiller Bételgeuse de près ces prochains mois pour mieux comprendre ce qu’il se passe. Sa luminosité pourrait ainsi continuer à diminuer, stagner quelque temps, augmenter lentement… ou brusquement. Les télescopes sont donc toujours à l’affût.

Benjamin

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