SpaceX, des ambitions toujours plus grandes, Starship de plus en plus loin
Si SpaceX se sert actuellement de deux lanceurs pour ses activités aérospatiales, l’entreprise est en train d’en construire un nouveau, le vaisseau Starship
L’avenir de SpaceX s’appelle Starship. Si l’entreprise américaine a dans son catalogue deux lanceurs fonctionnels, à savoir le Falcon 9 et le Falcon Heavy (qui est en fait un Falcon 9 soutenu par deux boosters latéraux supplémentaires), elle est d’ores et déjà en train de préparer leur remplacement par un tout nouvel engin. Une étape a d’ailleurs été franchie fin septembre avec l’assemblage de l’étage supérieur.
Pour commencer, pourquoi Starship s’appelle Starship ?
Starship, qui signifie « vaisseau stellaire » en anglais, désigne en fait à la fois le vaisseau spatial lui-même (qui constitue donc l’étage supérieur du lanceur) et la fusée dans son ensemble, c’est-à-dire lorsque le vaisseau spatial a encore son premier étage. Celui-ci dispose de son propre nom, Super Heavy, et constitue le mode propulsion principal de la fusée, avec ses 37 moteurs Raptor.
Starship, le nom retenu fin 2018
Le nom a été officialisé par Elon Musk le 20 novembre 2018, mais le fondateur de SpaceX n’a jamais explicitement dit pourquoi il a opté pour ce nom — nous lui avons toutefois posé la question sur Twitter, à tout hasard. Cependant, celui-ci n’a peut-être pas besoin d’avoir une explication de texte : vu les activités et les ambitions de SpaceX, on comprend bien les raisons qui ont amené le groupe à opter pour ce nom.
Renaming BFR to Starship
— Elon Musk (@elonmusk) November 20, 2018
On peut toutefois noter une relative homogénéisation dans les noms qu’utilise SpaceX pour désigner ses activités, y compris les plus futiles : dans le domaine satellitaire, l’entreprise a choisi de baptiser Starlink son futur réseau d’accès à Internet depuis l’espace. Quand a eu lieu le vol inaugural du Falcon Heavy, le mannequin à bord de la Tesla Roadster a été baptisé Starman.
Avant de s’appeler Starship, le lanceur a été désigné de différentes façons par la société reflétant ainsi ses projets en matière : il a été question du Mars Colonial Transporter de l’Interplanetary Transport System du Big Fucking Spaceship ou encore de la Big Fucking Rocket — le mot « Fucking » étant toutefois remplacé par le terme plus consensuel « Falcon » pour la communication institutionnelle de SpaceX.
Starship doit permettre à SpaceX de réaliser des missions très différentes : cela va de la mise en orbite de satellites au ravitaillement de la Station spatiale internationale, ce que la société fait déjà avec ses deux fusées actuelles, en passant par des opérations lunaires et même les voyages interplanétaires — deux activités qui sont encore du registre de la SF et que l’on ne verra pas dans de nombreuses années.
SpaceX se prépare à faire « bondir » sa fusée Starship à 20 km d’altitude
SpaceX doit organiser en 2020 un test d’ampleur pour sa nouvelle fusée Starship. Il s’agit de faire décoller l’engin jusqu’à une altitude de 20 km et de le faire revenir en douceur sur son pas de tir.
Les timides « sauts » que SpaceX a effectués en 2019 avec le prototype de la fusée Starship vont laisser place cette année à des bonds beaucoup plus amples. C’est ce que montre une demande adressée à la Commission fédérale des communications (FCC), datée du 3 février et qui n’a pas encore été traitée par le régulateur américain, qui a pour tâche de gérer l’utilisation des fréquences aux États-Unis.
Seuil des 20 km pour Starship
SpaceX ambitionne cette fois d’atteindre l’altitude de 20 kilomètres avec sa future fusée, qui doit remplacer à terme ses deux lanceurs actuels, le Falcon 9 et le Falcon Heavy. La période que cible l’entreprise américaine se situe entre le 16 mars et le 16 septembre 2020. Une fenêtre de lancement, mais qui permet de parer à d’éventuels aléas. SpaceX va chercher à faire cet essai le plus tôt possible.
L’altitude visée par SpaceX avec cet essai est sans commune mesure avec les précédentes hauteurs qui ont été atteintes, puisque le tout premier test s’est élevé d’à peine 20 mètres, tandis que le second s’est hissé à 150 mètres. En comparaison, les avions de ligne circulent en règle générale entre 10 et 15 km d’altitude. C’est toutefois très insuffisant pour accéder à l’espace.
Le rôle de la FCC
SpaceX a besoin d’obtenir une autorisation de la FCC, même si les activités du régulateur ne sont pas centrées sur l’astronautique, car l’entreprise doit pouvoir communiquer avec son véhicule durant l’opération.
Par convention, on considère que le domaine spatial démarre à partir de 100 km d’altitude — cette démarcation est nommée ligne de Kármán. Cependant, pour des raisons avant tout historiques, les États-Unis considèrent que la séparation se situe 20 km plus bas. Dans tous les cas de figure, en cas de succès, SpaceX n’aura couvert qu’une partie du chemin menant à l’espace.
SpaceX entend faire décoller son engin depuis son centre d’essai à Boca Chica, au Texas, et de le faire revenir en douceur sur son pas de tir. C’est aussi à cette occasion que la société souhaite expérimenter une liaison montante jusqu’au Starship pendant sa phase de retour, d’où la demande adressée à la FCC. Ce vol sera également important pour les équipes de SpaceX, qui ont perdu un prototype dans une explosion en novembre.